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Portrait de Renaud Guillerm, fondateur de Side Capital et membre du jury de l'incubateur
Quel est le point commun entre Olivier Mathiot, Frédéric Mazzella, Thierry Petit, Alix de Sagazan, Charles Egly et Didier Kuhn ? Tous ont rejoint Renaud Guillerm, début 2016, dans l’aventure Side Capital. Ce dernier, alors cofondateur et président de Videdressing.com, décide de quitter ses fonctions opérationnelles afin de lancer un fonds d’investissement entièrement porté par des entrepreneurs… pour des entrepreneurs.
Son idée : mettre des entrepreneurs français emblématiques, à l’origine de certaines des plus belles réussites de la French Tech, au service de jeunes pousses en développement, afin de les accompagner dans leur financement mais aussi la structuration de leur activité, leur gouvernance et les étapes de leur développement. « Ce qui m’intéressait, c’était de rencontrer les entrepreneurs, comprendre ce qu’ils faisaient, m’impliquer dans leur histoire », explique Renaud Guillerm, qui précise avoir fait le choix (souvent pointé du doigt pour son risque) d’investir uniquement en amorçage, pour des tickets allant de 500 000 à 600 000 euros. « Objectivement, on ne sait pas où cela va nous mener… Il y a moins de traction, on n’a pas tous les éléments pour soutenir un risque mais, d’un autre côté, on entre sur une valorisation plus faible et le retour sur investissement est plus important. L’un dans l’autre, c’est intéressant ».
6 places pour 600 dossiers
Un positionnement qui attire chaque année près de 600 dossiers. Parmi eux, 150 seront sélectionnés pour un entretien individuel avec Renaud Guillerm, puis une petite trentaine seront examinés plus en profondeur, voire présentés aux membres du board pour prendre une décision finale. Chaque année, seulement 6 verront leur dossier accepté, sur des critères bien précis comme le secteur d’activité, axé tech ou digital, un siège social basé en France, une recherche de fonds ne dépassant par 600 000 euros ou encore un chiffre d’affaires minimum en fonction du domaine d’activité. « Évidemment, nous regardons les fondateurs, l’équipe, le business… mais on a beau être dans l’amorçage, on cherche des startups qui font du chiffre d’affaires. » À titre d’exemple, une marketplace doit faire 50 000 euros de volume d’affaires par mois pour voir son dossier retenu.
Au total, Side Capital a réalisé 15 investissements en deux ans, parmi lesquels Julie Desk, Group Corner, ou encore Demooz. Chaque entreprise accompagnée profite d’un rendez-vous mensuel avec Renaud Guillerm afin de faire le point sur les sujets en cours, répondre à des interrogations ou encore échanger des idées : « l’angoisse de l’entrepreneur c’est de prendre des décisions. Cette régularité permet de prendre du recul et d’être efficace entre chaque rendez-vous afin de débloquer rapidement des situations », indique Renaud Guillerm.
Un modèle qui permet également aux entrepreneurs/investisseurs de profiter des avantages de l’investissement en direct, au cas par cas (pas de frais de gestion, liquidité possible à chaque exit et liberté de choisir dans quelle startup investir et participer), tout en ayant l’assurance d’un deal et de formalités juridiques sécurisés, comme dans un fonds d’investissement traditionnel. De quoi attirer les investisseurs : de 15 membres à son board en 2016, Side a grandi et revendique désormais 25 partners, tous désireux de soutenir l’écosystème startup français.
Et après ?
« On restera toujours sur de l’amorçage, et sur une moyenne de 6 entreprises accompagnées par an. On a l’expertise pour détecter les pépites avant les autres fonds et c’est une force sur laquelle on veut capitaliser », affirme Renaud Guillerm. En revanche, ce dernier indique vouloir intensifier les efforts du fonds pour préparer les startups à une potentielle série A. « On se concentre sur les 12/18 mois d’efforts avant la série A. On prépare les entrepreneurs à rencontrer les fonds qui investiront par la suite, à comprendre leurs attentes et à bien travailler avec eux. On va aussi les habituer à l’animation d’un board car les premiers boards ont tendance à être catastrophiques. On les entraîne avant de plonger dans le grand bain et ça change tout car le fondateur prend le pouvoir au board, et c’est exactement ça qu’attendent les investisseurs », conclut-il.
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