Découvrez l’interview de Jean-Baptiste, étudiant-entrepreneur dauphinois (formation Dauphine Talents), accompagné au sein de notre Programme Etudiants.

Oxygenserv, qu’est-ce que c’est ?

Oxygenserv, c’est la première startup française à avoir fait le pari de mêler écologie et excellence dans le domaine de l’hébergement de serveurs de jeu.

Nous proposons à la location des serveurs spécialement conçus pour héberger des parties de jeu, par exemple pour un gamer souhaitant jouer avec ses amis sur sa propre partie. Notre expérience nous a poussés à repenser ce marché en créant de nouveaux produits écoresponsables et haut de gamme au service des gamers.

Pourquoi ce choix de produit/service ?

En contact constant avec des administrateurs de serveurs et des joueurs, nous avons été confrontés et témoins de la faible qualité des offres proposées par les hébergeurs gaming (overselling ; composants vieillissants ; support technique long ; expérience utilisateur inexistante) et des répercussions négatives que cela entraînait sur les joueurs des serveurs.

Nous avons aussi constaté que le secteur du jeu vidéo, pourtant premier marché culturel au monde (devant le cinéma et la musique) n’avait toujours pas pleinement amorcé la transition énergétique pourtant nécessaire pour relever les défis de notre génération. Ce retard s’observe notamment sur le marché de l’hébergement, les parties de jeux de millions de joueurs sont hébergées dans des centres de données extrêmement énergivores, ce qui représente une empreinte carbone non négligeable.

Si on s’attache aux émissions de CO2, le numérique représente 3.8% des émissions annuelles de GES, c’est plus que le transport aérien civil (qui représente 2 à 3%) et peu d’acteurs incarnent une volonté de changement.

Nous nous sommes alors mobilisés pour travailler sur une nouvelle alternative capable de résoudre les problématiques auxquelles nous avons été confrontées. C’est ainsi qu’est né notre projet, Oxygenserv, en fin d’année 2019.

Quelles sont tes ambitions, tes objectifs pour ton entreprise ?

Nos objectifs sont ambitieux, à la hauteur de la mission qui nous attend et des changements que nous proposons :

• Sensibiliser le secteur du jeu vidéo sur les enjeux du réchauffement climatique. Il est nécessaire de faire comprendre que même en jouant et en restant chez soi, on participe à l’émission de GES.
• Développer des services autour de notre offre afin de proposer un vrai écosystème propre à Oxygenserv.
• Nouer des partenariats avec des éditeurs de jeux pour permettre une coopération rapide entre joueurs et développeurs.
• S’imposer comme valeur de référence sur le marché européen en tant qu’hébergeur de serveurs de jeu.
• Travailler avec des associations à impact sociétal et réaliser des projets concrets sur le terrain.

Comment te décrirais-tu en tant qu’entrepreneur ?

De nature pragmatique et créatif, j’adore chercher des solutions nouvelles à des problèmes du quotidien. J’aime sortir de ma zone de confort pour nourrir ma soif de curiosité et de compréhension. Ayant des compétences marketing sur un projet très technique, je me documente beaucoup et confronte toutes les visions d’un sujet afin de cerner ses subtilités et de prendre la bonne décision.

Mes associés suivant une formation en école d’ingénieur, ils apportent un champ de compétences complémentaires et une sensibilité différente à l’entreprise.

Quelle est ta formation initiale ?

Je viens de terminer ma première année de licence au sein de l’Université Paris-Dauphine en Sciences des Organisations. Ayant pu intégrer la formation Dauphine Talents, je bénéficie d’un programme aménagé permettant de suivre avec plus de facilité les études et mon projet entrepreneurial.

Qu’est-ce qui te passionne ?

Passionné par les nouvelles technologies, je suis de très près les avancées dans la sphère médicale et aérospatiale. J’apporte une attention particulière au monde du jeu vidéo qui est un art offrant des possibilités d’action inouïes (que ce soit dans l’éducation, le médical, la formation…).

Quel a été ton parcours d’entrepreneur ?

Ma première expérience entrepreneuriale a débuté en fin d’année 2017 avec la création d’un site e-commerce sous le nom de The-Programmer. The-Programmer est une boutique spécialisée dans la vente de contenus numériques sur le marché du jeu vidéo. Notre travail sans relâche, nous permettrons en 2 ans de devenir leader sur le marché.

Puis, j’ai commencé à travailler sur le projet Oxygenserv en début d’année 2019 avec l’aide de mes futurs associés. Nous créerons l’entreprise deux ans plus tard, en janvier 2021 après un travail considérable pour nous assurer de sa faisabilité. Nous sommes très fiers de porter cette première startup qui plus est, répond à de vrais enjeux de notre société.

Quelles difficultés as-tu rencontré dans cette aventure ?

Au début de mon parcours entrepreneurial, mon jeune âge a été un frein au développement de mon projet. Nous (les jeunes entrepreneurs) manquons de crédibilité d’autant plus que nous sommes toujours en formation. De surcroit, le système français ne facile clairement pas la création d’une entreprise lorsque nous sommes mineurs (sans émancipation par exemple il nous est impossible d’accéder à un poste en tant que directeur).

Aujourd’hui les choses sont très différentes, mes associés et moi avons su montrer nos compétences dans la sphère professionnelle. Le fait qu’Oxygenserv soit incubé à Paris Dauphine est aussi un gage de « qualité » et de fiabilité qui rassure les intermédiaires.

Oxygenserv étant un projet très ambitieux, nous avons dû faire face à de nombreux défis techniques (choix du datacenter, des serveurs, …) et à des choix opérationnels difficiles. Nous savons que les prochaines étapes, notamment la recherche d’investissements et le démarchage des premiers clients apporteront leur lot de difficultés.

Quelle aide t’apporte l’Incubateur Paris-Dauphine aujourd’hui ?

Profitant depuis septembre 2020 des services qu’offrent l’incubateur Paris-Dauphine, j’ai pu me rendre compte que celui-ci apporte un coup de pouce unique dans le développement de mon projet. Les workshops (ou ateliers collaboratifs en bon français 😊) organisés par l’incubateur sont des moments d’échange et d’apprentissage qui nous permettent d’accéder rapidement à l’information avec des spécialistes du terrain.

Le monde des startups suit des codes qu’il faut connaitre pour pouvoir rapidement évoluer. J’ai ainsi pu constituer un réseau non négligeable d’experts et d’entrepreneurs vers qui je peux me tourner en cas de difficultés. L’incubateur c’est aussi un lieu de rencontre et de partage avec des entrepreneurs passionnés qui grâce à leurs expériences peuvent rapidement me conseiller.

Etudiant et entrepreneur, deux activités compatibles ?

Bien sûr, mais avec des concessions. En tant qu’entrepreneur, nous avons une charge mentale constante qui combinée avec celle des études est très contraignante. Il est parfois complexe de prioriser les taches ce qui peut avoir un impact négatif sur nos études ou le développement de notre projet.

Le poids des responsabilités peut parfois nous pousser à devoir annuler ses activités personnelles au dernier moment. Quand son projet est encore en phase de réflexion vous avancez à la vitesse que vous souhaitez. Pas de contraintes, vous investissez le temps que vous pouvez ! Lorsque l’activité de son entreprise démarre, les responsabilités ne sont plus les mêmes et il devient selon moi, plus difficile de tout concilier.

D’après toi, quels sont les facteurs clés de succès pour réussir dans l’entrepreneuriat ?

Il n’y a bien sûr pas de recette magique mais mes échecs et mon expérience m’ont fait comprendre qu’un (bon) entrepreneur doit :

• Se remettre en question. Il faut constamment se questionner, prendre du recul sur ce qu’on a fait ou décidé et s’il faut accepter ses erreurs pour rebondir plus rapidement.
• Anticiper. Anticiper, c’est permettre de prendre la bonne décision au bon moment sans être pris de court. Une analyse fine du marché et de son projet permet en effet d’anticiper ses faiblesses, anticiper le comportement de ses clients, l’environnement dans lequel on évolue, le futur…
• Ecouter. Tout en restant fidèle à son idée, les retours de ses amis, de ses collaborateurs ou de ses premiers clients sont une base extraordinaire d’informations et de suggestions.

Enfin, je dirais que pour réussir il faut croire en ses possibilités, à sa vision, à son produit. Connaissez-vous un entrepreneur qui ne croit ni en son projet, ni en ses capacités de réalisation ?

Comment finances-tu ton entreprise ?

Le projet est pour l’instant exclusivement financé par nos fonds propres. Nous allons déposer des dossiers pour obtenir des subventions publiques. Elles nous permettront de tester à petite échelle la faisabilité du projet et obtenir les premiers retours des clients.

Une fois que notre offre aura fait ses preuves, nous chercherons de nouveaux types d’investissements plus importants, probablement bancaires ou en levée de fonds pour déployer à plus grande échelle notre solution.

S’il n’y en avait qu’un, quel serait le point d’attention à surveiller en priorité lorsqu’on se lance dans l’aventure startup ?

Il faut être très attentif au cadre dans lequel son projet évolue :

• Regarder et cartographier les sociétés qui peuvent facilement reproduire son produit.
• Suivre avec attention les préférences et le comportement de ses clients pour être au plus proche de leurs attentes, et agir rapidement si leurs habitudes évoluent.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait lancer sa propre startup ?

Travailler son projet en profondeur et sans relâche et se lancer dès qu’on estime son dossier assez solide.

💡 Vous souhaitez contacter Jean-Baptiste ? N’hésitez pas à lui envoyer un message à l’adresse suivante : jb.devic@oxygenserv.com